Rachid Taha : les documents

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Le chanteur Rachid Taha.

Les préjugés contre la migration sont assez forts qu’ils persistent à travers les générations. Dans les yeux de quelqu’un qui a des préjugés, il est très difficile, même impossible, pour un migrant de prouver leur valeur. Alors les migrants, et les descendants des migrants, peuvent facilement devenir frustrés qu’ils ne vont jamais gagner. Même s’ils ont des papiers officiels pour prouver la citoyenneté, ils peuvent rencontrer l’exclusion.

Rachid Taha était un chanteur né en Algérie qui a déménagé à Paris. Ses chansons discutent du sujet d’immigration et les épreuves qui l’accompagnent. Taha était célèbre pour sa célébration de son état d’ « étranger » en France, où il a rencontré de l’hostilité à cause de sa nationalité. Taha incorpore l’arabe dans ses chansons, ainsi que le français. Un des plus frappants exemples est son interprétation de « Rock the Casbah » par The Clash. Il prend une création française et la personnalise, la mélange avec les « saveurs » algériennes. Aussi il utilise les éléments musicaux qui viennent de l’Algérie, comme des sons et rythmes traditionnels. Dans sa reprise de « Douce France » par Charles Trenet, il utilise les instruments arabes comme l’oud et le darbuka, et le style punk était assez perturbant aux français conservateurs si bien que la chanson était interdite à la radio. Pour Taha, il était important de rendre hommage à son héritage, et de faire une déclaration publique de sa fierté d’être algérien.

 Le nom de son premier groupe de musique était Carte de Séjour, un nom qui contient des implications politiques. Une carte de séjour est très importante pour un migrant, parce qu’elle lui permit d’habiter dans le pays et d’y rester. Mais ce document peut devenir une réduction de l’identité, et l’implication est que sans ce document, l’humanité de cette personne ne vaut rien. Taha et son groupe de musique se moquent un peu de l’importance augmentée des documents juridiques pour prouver la position de citoyenneté d’un migrant, et par extension, le droit d’un migrant d’être accepté par le pays.

Même un citoyen avec une carte d’identité officielle peut rencontrer le racisme. Même une personne accomplie et productive dans la société peut souffrir de discrimination. Dans l’Attentat par Yasmina Khadra, le protagoniste Amine est un chirurgien éminent à Tel Aviv. Dans les suites d’un attentat, il s’occupe d’un patient qui meurt, et le patient résiste à son traitement, disant, « Je ne veux pas qu’un Arabe me touche…Plutôt crever » (21). Amine est largement accepté dans sa communauté grâce à son métier, mais après l’attentat les gens se méfient de lui. Il décrit sa journée chez lui cette nuit, comment il passe par les postes de contrôles, et chaque fois la police demande ses papiers. Il explique, « Mon nom arabe le chiffonne. C’est toujours ainsi après un attentat … J’avais beau présenter mes papiers et décliner ma profession, les flics n’avaient d’yeux que pour mon faciès » (26). Ce sont les papiers qui définissent une personne dans ce cas, mais surtout l’apparence physique qui évoque le racisme et les préjugés. Amine est complètement naturalisé en Israël, mais c’est son héritage qui le définit.

Rachid Taha : les documents