Le voyage
Les médias occidentaux dans leurs discours sur les migrants dans cette époque parlent seulement de la traversée de la Méditerranée, et sautent toutes les autres étapes qui font partie des histoires des migrants avant leur arrivé en Europe. Les migrants dans leurs récits par contre présentent leur voyage en entier. La vérité est que les réfugiés fuyants les guerres en Syrie et Irak ne peuvent pas traverser les frontières de leurs pays natals et sortent directement en bateau pour l’Europe. Comme montré dans ce dessin de Kawa, ils sont obligés de passer par la Turquie, où la plupart des migrants restent plusieurs mois, ou mêmes années, avant de partir en bateau. Comme clairement marqué ici, le voyage est extrêmement cher, et les familles et les individus qui arrivent à payer les clandestins pour les amener jusqu'à l’Europe sont d’habitude ceux qui avaient déjà une position classe moyenne en Syrie. L’important est que le voyage commence en Syrie avec le déplacement interne, et qu’il y a après la traversée de la Turquie (soit par l’Irak, soit directement, selon d’où en Syrie ils viennent), et une toute autre étape pour arriver à Izmir et le point de départ pour la Grèce.
Dans l’art il n’y a pas de chronologie, mais Kawa et Marwan peignent tous les deux les images de la destruction en Syrie, et c’est inclus aussi dans le début du film de MSF. Ceci retour a l’idée de Amin Maalouf qui écrit, « avant de devenir un immigré, on est un émigré » (Identité Meurtrières, 48). Cette partie du récit, « l’avant » de tout ce qu’ils ont laissé n’est jamais inclus dans des reportages européens. Les artistes, par contre, mettent l’emphase sur d’où ils sont partis et tout ce processus de devenir un émigré.
On voit ceci dans les images qui incluent un établissement du contexte et une lamentation pour une Syrie détruite, les bâtiments abandonnés, en ruine. Notamment, Kawa et Marwan ont tous les deux choisi d’inclure dans leurs images de la Syrie une clôture physique. Ils représentent leurs sujets poussés physiquement jusqu’à la frontière et utilisent la dévastation comme explication visible de la raison de leur voyage à la frontière. Studio Kawakab a aussi choisi de mettre la destruction directement sur la mer, la frontière représentée dans le film.
Dans l’œuvre de Marwan, on voit clairement la différence des deux cotées : la destruction de la Syrie et la promesse de la traversée. L’immeuble à droite contraste directement ceux à gauche avec la famille il y a des symboles de mort et de famine, incarnés par le squelette d’un oiseau. Même l’herbe est moins vivante à gauche, et les nuages en haut de leurs têtes sont peints avec une intensité et une action qu’on ne voit pas dans l’autre côté de la clôture. Dans leur présence liminale, aux deux côtés de la barrière, les figures sombres représentent peut-être des passeurs, ou possiblement aussi des policiers. En tout cas, il y a des images de la Syrie, et sa destruction est liée physiquement à l’idée de la frontière. Leur décision de partir, comme présentée dans ces œuvres, vient donc directement de la destruction de leur pays.
Les routes des migrants sont pour la plupart du voyage, les routes terrestres. Les bateaux entassés des individus, 60 dans le cas de Kawa, est clairement une partie du voyage horrifique et inoubliable, mais il y a aussi tout un chemin qui vient avant.
Ici, Kawa par exemple présent des figures abattues, sans figures. C’est une image sans couleur ou espoir, le poids de ce qu’ils portent—physiquement et autrement—donne l’image un sens de la gravité.
Comme montré ici, ceci n’est pas de tout à dire que les migrants ne représentent pas les scènes des bateaux ; plutôt, il faut noter que les voyages des refugiés ne commencent pas avec l’embarquement pour l’Europe et que « la crise de migration européene » commençait bien avant les rivages de la Méditerranée.
Toute la longueur du voyage peut être vue dans cette vidéo dessinée par Kawa, produit par Habibi Works, une ONG qui travaillait dans le camp Katsikas. Fait quand Kawa était en Grèce, la vidéo commence là-bas, mais trace « l’histoire de comment ces pieds sont arrivés ici » en racontant toute l’histoire de la route dès sa vie normale en Syrie, incluant le déclenchement de la révolution, et traçant tout le trajet de Kawa et sa famille, par l’Irak et la Turquie, avant leur départ pour l’Europe. C’est important de noter aussi qu’il inclut sa vie avant le commencement de la guerre : « a couple of years ago, all my life revolved around was art and painting, while that and handing out with friends. So basically, I was leading a normal life. » Cet aspect de l’avant et da la vie quotidienne avant la guerre est complètement absente du récit médiatique. Plutôt, les individus sont réduits aux « migrants », comme on a vu dans la vidéo du Telegraph, sans aucune vie précédente ou identité en dehors de cette catégorie de fugacité.