Unpacked: Refugee Baggage
Pour cette installation multimédia, Mohamed Hafez (Syrie) et Ahmed Badr (Iraq) ont transformé de vieilles valises en chambres, maisons, bâtiments, et paysages, ceux que des réfugiés d’Afghanistan, du Congo, de la Syrie, de l’Iraq, et du Soudan, ont laissé derrière eux. Ils recréent ces espaces et les accompagnent avec de brefs clips audio où les réfugiés eux-mêmes racontent leur histoire. Le but du projet était d’« humaniser le mot ‘réfugié’ » selon les deux créateurs.
Le titre de l’installation est plein de sens. La première partie du titre, Unpacked, se réfère littéralement à l’acte physique de déballer une valise mais signifie bien plus. Si nous prenons les réfugiés et les migrants comme des voyageurs qui portent des valises faites, ce n’est qu’au moment où ils arrivent à leur destination et qu’ils s’installent, qu’ils peuvent déballer leurs valises, déballer leurs effets personnels et leurs émotions. Les deux créateurs et les six réfugiés qu’ils ont interrogés pour le projet ont eu cette chance. Par contre, Bilal, le protagoniste du film Welcome (2009), n’est jamais arrivé à Londres pour rejoindre sa copine. C’est le même cas pour Rachid, Nasser, et Imene dans le film Harragas (2009), qui n’arrivent jamais à franchir l’Europe-forteresse et par conséquent n’ont jamais déballé leur valise. Ceux qui n’arrivent jamais, à cause de la mort ou du refoulement, n’ont jamais l’occasion de déballer.
La deuxième partie du titre, Refugee Baggage, est un jeu de mots entre le mot bagage, le sac ou objet fermé que nous utilisons pour transporter des biens pendant un voyage, et l’expression en anglais emotional baggage, ou ce que nous appelons en français le passif émotionnel. En anglais le lien fait entre le bagage et l’émotion vient de l’idée que nous emmenons nos émotions avec nous, nos souvenirs, nos expériences, et aussi nos traumatismes où que nous allions.