La voix
Les migrants, se trouvant dans une société qui ne les accepte pas toujours, doivent prendre position contre le racisme et se donner une voix à travers les arts. Dans cette chanson, rappée par deux franco-algériens (BigFlo et Oli), décrit la réalité des immigrés et leurs enfants nés en France du point de vue du « vrai » Français, c’est-à-dire un Français blanc et européen. Dans la France contemporaine, les Français d’origine non-européenne sont souvent les plus pauvres de la société français, habitant aux banlieues et aux cités où le taux du crime est haut et les services sociaux, comme l’éducation, sont mal fondés. Les deux artistes commentent la façon dont les Français blancs les voient et les comprendre.
Au début de la chanson, Oli décrit un point de vue traditionnel du Français qui fait un jugement sans faire une réflexion plus profonde. Dans le rap, ils disent,
« Je les vois dealer devant l'école, filer et faire les cons
Brûler des bagnoles, fumer du chichon
Enfin tout ça, j'l'ai vu à la télé. »
Plus précisément, il commente la préconception des minorités que les médias donnent aux spectateurs en disant que « enfin tout ça, j’l’ai vu à la télé. » Au fil de la première partie du rap, ils évoquent des stéréotypes classiques des minorités afin d’inviter l’auditeur à remettre en question ses conceptions des personnes d’origine arabe/étrangère. Ils finissent le morceau et continuent au refrain en disant,
Hier sur mon mur ils ont écrit en clair
Nik ta mère
Avec ces paroles, ils démontrent deux stéréotypes : d’abord, que les minorités sont responsable du graffiti et du vandalisme vulgaire. Deuxièmement, ils commentent le manque de bonne éducation dans les banlieues en utilisant le mot « nik » qui est et un gros mot et, en plus, mal épelé.
BigFlo et Oli évoquent ces stéréotypes afin de les remettre en cause. L’énumération des stéréotypes pour les réexaminer est aussi présente dans d’autres œuvres qui cherchent à nuancer les clichés. Par exemple, dans Choc des civilisations pour un ascenseur Piazza Vittorio, d’Amara Lakhous il y a une sorte d’énumération des stéréotypes similaire : dans chaque chapitre, il s’agit du point de vue de quelqu’un sur tous les autres personnages du livres, où ils révèlent leurs biaises et leurs opinions. Au fil de la lecture, nous comprenons que la source de ces stéréotypes provient de leur incompréhension l’un de l’autre. Comme dans « Nik ta mère », alors, l’auteur regrette le foisonnement des stéréotypes et en écrit pour les remettre en cause.
Il est aussi important de comprendre pourquoiles stéréotypes existent. Dans la deuxième partie de leur rap, BigFlo et Oli cherchent à expliquer les actions de jeunes minorités défavorisées. En effet, une des fonctions principales de cette chanson est d’être un reproche aux stéréotypes des Arabes et aussi de montrer pourquoi ces stéréotypes existent. Ils rappent,
« Déjà le lieu : une cité où les rêves se brisent plus vite que les vitres…
Trop chers les cours particuliers voilà pourquoi ils se ramassent
Voilà pourquoi ils écoutent moins la prof' que leurs écouteurs…
Il trouve un crayon par-terre, voilà pourquoi, voilà pourquoi
Nik ta mère. »
Dans cette deuxième partie du rap nous avons donc une tentative d’expliquer le pourquoi. Leurs quartiers ne sont pas bons : leurs rêves sont difficiles, voire impossibles de réaliser (« les rêves se brisent plus vite que les vitres »). Leurs moyens ne leur permettent pas d’avoir des cours particuliers pour les aider avec leurs cours, et leur motivation et leur possibilité de se soustraire à la situation sont donc basses. Nous comprenons dans cette partie de la chanson pourquoi ces personnes ont écrit « nik ta mère » : ils sont en colère et n’ont pas de moyen d’échapper à leur sort. Les deux artistes, BigFlo & Oli, prennent donc position contre le racisme : ils ne l’accepteront pas et montreront l’injustice qui a mené à la situation actuelle de beaucoup de minorités en France est ailleurs en Europe.
En effet, l’explication du pourquoi est un thème important dans la littérature sur les migrants. Par exemple, dans L’Attentat, de Yasmina Khadra, il s’agit de faire comprendre pourquoi les kamikazes se font exploser, que cet acte tragique n’est pas simplement celui du terrorisme sans raison mais une mesure extrême pour réclamer une patrie perdue et de combler le dépouillement auquel ils font face. Dans cette chanson, les « mesures extrêmes » dont rappent BigFlo et Oli sont le choix de devenir dealer, de ne plus faire attention à l’école, etc. Cette chanson est une œuvre parmi beaucoup d’autres qui cherche à redonner aux migrants une voix et d’expliquer la situation tel qu’ils la comprennent et la vivent.