L'identité
Quelle est l’identité d’un migrant ou d’une personne ? Pour les migrants (et pour n’importe qui), cette question est compliquée. Dans cet article, il s’agit de la déclaration d’un humoriste populaire aux États-Unis qui a déclaré que la victoire de la France dans la Coupe du monde était une victoire pour l’Afrique, car l’équipe française comporte de nombreux joueurs d’origine africaine.
En réponse à cette déclaration, l’ambassadeur français à Washington a dit (traduit de l’anglais dans Le Point), « En les qualifiant d'équipe africaine, il semble que vous niiez leur identité française, » et « Même sous forme de plaisanterie, cela légitime l'idéologie qui revendique le fait d'être blanc comme la seule définition de l'identité française, » (Le Point, 1).
Cependant, la réponse de Noah Trevor n’était pas de s’excuser. En effet, il a répondu que (traduit de l’anglais dans Le Point), « Pourquoi ne peuvent-ils pas être les deux ? Pourquoi cette dualité est-elle seulement permise à un petit groupe de personnes ? » et « c'est que pour être français vous devez effacer tout ce qui est africain ? » (Le Point, 1).
Le débat entre Noah Trevor et l’ambassadeur est révélateur, démontrant les tensions qui se réalisent quand on essaie de qualifier une identité d’une telle manière. Quelle est alors « l’identité » d’un migrant ou d’un descendant d’un migrant dans un pays occidental qui les reçoit ? Noah Trevor a-t-il eu raison quand il a dit dans sa question à l’ambassadeur français, si « vous devez effacer tout ce qui est africain » pour être français ? Amine Maalouf, dans Les Identités meurtrièresparle de cette même question. En effet, Maalouf dit que l’identité d’une personne d’origine étrangère dans un pays comme la France (ou même d’un Français d’origine française) ne peut pas s’encadrer. Cet acte d’essayer d’encadrer une identité, comme dans le cas où on oblige un Franco-Algérien à choisir entre les deux identités, est catastrophique, car ils créent des différences et de l’altérité là où elles n’existaient pas avant. En effet, quand on réduit l’identité d’une personne à une unité, on écrase une partie de leur être.
Michel Agier dénonce aussi cette obsession d’identifier. Dans son œuvre Les migrants et nous. Comprendre Babel, il énumère trois raisons qui sont les plus souvent évoquées quand on veut aider un migrant. Premièrement, il y a la cause humanitaire, où on aide le migrant parce qu’il en a besoin et parce qu’il est en souffrance. Deuxièmement, il y a la cause identitaire, où on aide le migrant parce qu’on s’identifie avec lui. Finalement, il y a la cause exotique, où on aide le migrant par amour de la diversité. Michel Agier ne dit pas que ces raisons sont mal intentionnées et que ceux qui les emploient ne sont pas honnêtes dans leurs intentions. Il dit plutôt que quand nous réduisons les migrants à des catégories strictes, nous leur enlevons la voix en les mettant là où nous pensons est approprié. Il est plutôt nécessaire, selon Agier, de changer notre description et approfondir notre réflexion sans forcer les migrants dans les catégories que nous leur créons.
C’est pour ces raisons qu’en pensant aux identités, nous devons d’abord considérer qu’il y a derrière toute personne des nuances and des identités qui ne peuvent pas se simplifier à des catégories « propres ». Nous voyons donc que l’identité d’un migrant est beaucoup plus complexe que la façon dont elle est présentée par les médias. En leur volant l’identité, la société européenne les réduit et fabrique un clivage entre tous les divers membres de la société. Quand nous nous posons donc la question de « quelle est l’identité d’un migrant », la réponse est que personne ne peut se mettre dans une identité, portant plutôt d’innombrables identités qui les définissent. L’identité des migrants est individuelle et unique à chaque migrant.